Le rejet

Vous m'avez conseillée de ne pas avoir peur de me livrer, car je suis celle qui choisi ce qui se trouve sur ce blog. J'ai décidé d'écouter votre conseil...

La plus grande peur de ma vie, ce qui me fait mal, ce qui me suit partout, c'est le rejet. Je ne serais pas surprise que des gens parmi mes lecteurs se disent "pfff, le rejet, tout le monde a peur de ça, on en fait pas un plat!" et pourtant.. Je peux vous assurer que lorsque je prend le temps de m'analyser, mes réactions et mes agissements sont presque toujours menés par cette peur.

Par où commencer? Je pourrais vous dire que mon enfance et mon adolescence ont été toutes deux vraiment pénibles, mais encore une fois, rien de neuf et rien de surprenant. Chaque personne vit son lot de problèmes durant ces années, j'en suis consciente. Probablement que la façon de voir les choses et d'y réagir fera en sorte que l'on en sortira plus fort ou non... Pour ma part, j'en suis sortie forte, mais très aigrie. Quand je repense à ces années, la colère sourde qui gronde en moi me fait peur, car je sais que j'en veux énormément à ceux qui prenait un plaisir sadique à me faire mal, à blesser l'enfant que j'étais. La torture mentale blesse autant que celle que l'on subit physiquement, sauf qu'elle se fait parfois invisible. On a l'impression que la personne se met à l'écart d'elle-même, parce qu'elle le souhaite. Pourtant, ce n'est pas le cas. Les insultes répétées auront fait en sorte que je n'ai pas confiance en moi et que je dois toujours passer par dessus une série de remise en question lorsque j'entreprends un nouveau pas dans ma vie.

Tout ça pour dire que le rejet que j'ai vécu jusqu'à mes 18 ans me rend aujourd'hui très fragile et facilement colérique. Je ne supporte pas un regard de travers, une moquerie. Je la prend comme si elle m'était adressée, comme si on voulait absolument me blesser. Lorsque quelqu'un me parle sur un ton sec, je me replis, je fond, j'ai mal et je pleure. Je devrais cependant me tenir droite et démontrer que je suis pas d'accord, mais je préfère m'écraser, rentrer dans ma coquille. J'oscille toujours entre les larmes et l'envie d'envoyer paître. Je peux facilement me revirer sur un 10 sous et dire les quatre vérités à mon agresseur, comme si je m'adressais à ceux et celles que j'ai tant détestés sans pouvoir leur dire.

Vous comprendrez que mes relations amicales et amoureuses sont un peu compliquées par mon comportement. Lorsque survient un désaccord, j'ai l'impression de n'avoir rien fait de bien, d'être dans le tort absolu.. Et je m'excuse. Je m'excuse pour tous les maux du monde, je m'excuse d'avoir un point de vue différent, mais je m'excuse surtout d'être moi, parce que le problème vient de là! C'est comme si j'avais mal d'être la personne que je suis, comme si j'avais honte de ce que je pense et de ce que je dégage. Finalement, mon opinion de moi même est merdique! C'est probablement pour ça que j'ai du mal à croire que l'on puisse m'aimer, moi, la fille que tout le monde mettait de côté. Je ne crois jamais les belles choses à mon sujet, mais je peux faire des conversations de 3 heures à propos de ce qui cloche dans ma tête.

Voilà donc le nœud du problème. C'est ça que j'ai dans la gorge, ce qui m'étouffe et m'empêche de m'épanouir. Sauf que j'ai décidé que c'était terminé. J'en ai assez de me sentir comme si je ne valais rien. Je ne trainerai plus ma colère et ma peine sur mes épaules, parce que je veux me tourner vers le soleil une bonne fois pour toute. Je veux m'aider à aller mieux.

Je vais aller mieux.

Je serai heureuse.