Parce que je me suis tue trop longtemps…

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lundi 6 juillet 2009

Ton vrai visage




Lorsque j'étais plus jeune, ma famille et moi habitions au fin fond de l'Abitibi et chaque été, nous allions voir la famille de ma mère au Lac st-jean. C'était pour moi une source d'immense joie, parce que c'était notre seule sortie de l'année.

J'adorais voir tout le monde, bien entendu, mais j'attendais une journée encore plus que les autres : celle où j'allais enfin la voir.

Elle, c'était ma tante D. La sœur ainée de ma mère, à qui je vouais pratiquement une admiration sans bornes. Elle était belle, toujours bien habillée, elle riait tout le temps et elle n'avait besoin de personne pour se sentir bien. Elle nous présentait chaque été un mec différent, mais moi, je voyais ça comme une affirmation de sa liberté et de sa force. J'admirais ma tante. Elle me dorlotait, elle me sortait parfois, j'allais chez elle et je trouvais ça génial! J'étais en compagnie de celle qui représentait pour moi la quintessence de la tante extraordinaire! Je l'appelais Ma Hot Matante..

Les années ont passé et j'ai eu 18 ans. J'ai décidé de quitter ma petite ville pour tenter les études supérieures. Je n'étais pas bien dégourdie à l'époque, j'étais timide et solitaire. J'avais très peur de partir vers une ville où je ne connaitrais personne et sans aucune ressource. En plus, mes parents n'avaient pas beaucoup d'argent, donc c'était assez complexe de me donner tout ce dont j'aurais eu besoin pour partir vers l'aventure.

C'est là que ma tante s'est manifestée. Elle a convaincu ma mère en lui disant qu'elle allait m'accueillir, qu'elle allait prendre soin de moi, que nous allions sortir entre filles et que ce serait génial! Ma mère n'était pas certaine au départ, parce qu'elle connaissait mieux ma tante que moi, mais je lui disais, les yeux pleins d'espoir qu'il fallait qu'elle dise oui, car je serais en sécurité avec Tante D. et que ce serait super de pouvoir sortir avec une personne comme elle.

Ma mère a dit oui et elle a négocié 300$ par mois de pension, pour que je sois nourrie et logée. Quand le grand jour est enfin arrivé, je ne tenais plus en place! J'allais enfin amorcer ma vie d'adulte, j'allais prendre mon envol... Mais je me trompais.

À peine arrivée à son appartement, j'ai eu droit à une mise au clair des plus directe: la télé, c'était elle qui en avait le contrôle, parce que quand elle n'enregistrait pas ses émissions, elle en regardait d'autres et que son horaire-était-très-chargé. La salle de bain? Elle prenait 2 à 3 bains par jours, donc je ne devais pas être dans ses pattes. Elle n'allait pas cuisiner pour moi (ce que je savais), je devrais me débrouiller seule et sans son aide... À partir de ce moment-là, mon sourire a été moins présent. Je rangeais mes affaires et je me demandais pourquoi elle était aussi méchante. Je me suis dit sur le coup qu'elle mettait ses limites, que j'allais respecter ça et que tout irait bien. Grave erreur.

Je me souviens de ce premier soir où je suis allée m'asseoir dans le salon. Elle était là, en train de regarder top modèle. Je ne dis rien, je respire... Et elle me toise... " Tu me déranges!" ont été ses seuls mots.. Je me suis levée, je suis allée prendre un biscuit dans l'armoire et elle me dit encore "Tu fais du bruit, arrête!! " .

Je me suis enfermée dans ma chambre et mon calvaire a commencé.

Le deuxième jour, j'ai osé lui demander si je pouvais monter le chauffage, parce qu'en plein mois de janvier, dans un appartement au ras du sol, il fait froid.. Elle m'a gueulé que je n'avais qu'à m'habiller et qu'il n'était pas question qu'elle dépense pour moi et mes caprices... Il a fait 14 degrés dans l'appartement tout l'hiver...

Au bout du quatrième jour, j'ai appelé mes parents et j'ai fondu en larmes. Je me sentais si seule, je ne comprenais pas ce qui se passait. Ma mère a été tellement bouleversée, mon père a cessé de dormir à ce moment-là. Ils m'ont dit que je pouvais revenir quand je voulais, qu'ils viendraient me chercher. Je me suis dit sur le coup que j'étais peut-être trop émotive, que j'allais être capable de surmonter ça. Ils m'ont proposé de prendre le 300$ et de trouver un studio pour que je puisse continuer mes études. L'idée me semblait excellente! J'en ai trouvé un, en face du Cégep en plus! Je n'aurais plus à subir ma tante!!

Quand j'ai appelé mes parents pour leur annoncer la nouvelle, ma mère m'a appris qu'elle devait se faire opérer et qu'elle allait avoir 400$ de moins par mois. Dans ma tête, l'équation a été simple à résoudre. Pas d'appartement pour moi. Je ne voulais pas que ma famille se prive à cause de ma décision. C'est donc la tête basse que je l'ai annoncé à ma tante. Ça ne faisait que 7 jours que j'habitais avec elle...

Il ne restait plus rien de la première épicerie que mes parents avaient faite pour moi. Il a donc fallu que je demande à ma tante d'inclure ma liste à la sienne. Je lui ai demandé quelque chose pour me faire des lunchs, car je mangeais 4 jours par semaine au Cégep. Les autres achats de ma liste n'ont même pas été pris en considération. Elle est revenue avec une brique de fromage, une conserve de Paris Pâté et une boîte de céréales. C'est tout. Saviez-vous qu'il est possible de faire 4 sandwichs avec une seule canne de ce truc? Moi je le sais. Car j'ai mangé ça tous les jours de la semaine, du mois de janvier au mois de juin.

J'ai eu faim durant ces mois, à force de manger du Paris Pâté et du spaghetti au jus de tomate.. Mes parents m'envoyaient des trucs par autobus, parce qu'ils avaient peur pour moi. Je ne dormais pas bien, parce qu'elle mettait la télé très forte le soir, ce qui fait que je dormais entre mes cours, partout où je trouvais un endroit potable. Mes parents étaient désemparés. Je me souviens que ma mère appelait ma tante pour lui demander si tout allait bien et d'entendre la voix trop enjouée de celle-ci lui répondre que c'était MER-VEI-LLEUX!

Je ne sortais pas de ma chambre, sauf pour aller aux toilettes. J'avais peur de la rencontrer dans le couloir, j'en faisais une maladie. Elle était tellement bête et mesquine, ça ne valait pas la peine que je pointe mes orteils en dehors de mon périmètre de sécurité. Je préférais prendre ma douche au cégep plutôt que d'utiliser son précieux temps..

Un soir, je rentre à l'appartement et je vois qu'elle n'est pas là. Elle avait cuisiné une sauce à spaghetti 2 jours auparavant et je me suis dit que je pourrais lui rendre service en la mettant dans des plats pour la congeler. Je n'en ai même pas pris, pouvez-vous me croire?... Lorsqu'elle est rentrée ce soir-là, j'ai eu droit à une crise de folie comme jamais j’en avais vu! Une chance que ma porte de chambre était fermée, parce qu'en plus de cris, des accusations de malveillance et de complot, elle m'a lancé le tiroir à ustensiles.. Ça fait toujours du bien, un percing de fourchette dans le front! J'ai appelé Alex, j'ai fait mon sac et je suis partie sans rien lui dire.

D'ailleurs, une chance que j'ai eu Alex durant ces mois pénibles, parce qu'il faisait 5 heures de route après son quart de travail pour venir me chercher à Dolbeau. On retournait ensuite à Drummondville, pour refaire le tout en sens inverse le dimanche. Si ça n'avait pas été de ces moments de répit, je crois que j'aurais tout lâché et que je serais encore à Matagami..


Ce que je vous ai raconté là, ce sont des exemples parmi tant d'autres. J'avais besoin d'extérioriser tout ça, parce que j'y pense encore, même si ça fait 4 ans que je n'ai pas revu cette folle.

J'aimerais que tu lises ce que j'ai à dire, j'aimerais que tu saches à quel point je te hais, à quel point je te souhaite de mourir seule et sans personne autour de toi. Tu manipules tout le monde, tu m'as volé mon argent, tu m'as laissé crever de faim parce que tu préférais aller jouer au casino avec les 300$ que mes parents te donnaient. Tu m'as fait tellement de peine, tellement mal. Je ne pourrai jamais te pardonner, parce que j'ai perdu mes illusions sur toi. J'ai vu que la femme forte et extraordinaire n'était en fait qu'une pauvre folle qui s'enferme dans ses mensonges... J'ai du mal à croire que mes parents te parlent encore, mais j'ai encore plus mal de voir que tu OSES leur parler et demander de mes nouvelles! QU'EST-CE QUE TU EN AS À FOUTRE HEIN? Tu aurais dû prendre soin de moi, au lieu de m'enfermer dans ma chambre que tu ne voulais pas chauffer! J'espère que ta facture d'électricité a quand même augmenté, parce que j'ai laissé mon ordinateur fonctionner 24h sur 24 dans l'espoir d'avoir moins froid.

Je ne pensais pas être aussi forte de caractère, mais je l'ai découvert en habitant avec toi. Dans cette petite chambre, il a bien fallu que je prenne soin de ma santé mentale, parce que j'aurais très bien pu tout abandonner. On ne peut pas dire que tu auras été d'un grand support.

Je pense encore à toi, 4 ans après, parce que je n'ai jamais pu te dire en face tout le mal que tu m'as fait subir. Je ne peux pas passer par-dessus. J'ai cette haine viscérale qui gronde en moi dès que j'entends ton nom. Je suis heureuse que ma mère t'ait dit ce qu'elle pensait de ton comportement, mais j'aurais aimé être là, pour te démolir la face. Tu peux faire croire ce que tu veux aux autres, mais je ne suis plus dupe. Tu ne vaux plus rien à mes yeux.

J'ai vu ton vrai visage.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis estomaquée...je ne sais pas quoi dire...à part que tu as tellement raison de la traiter de criss de folle!

Mais tu sais, tu t'en es sortie aujourd'hui, sans elle, sans son aide. Tu ne lui dois RIEN et tu es devenue quelqu'un SANS elle.

Bravo pour ton texte. J'espère que ça t'a fait du bien!

Yano a dit…

Narcissique avec priorité apparence, ça vaut pas cher la livre... pas assez en tout cas pour t'empoisonner la vie avec ça. J'espère que ça aura aidé à passer à autre chose de le sortir au bout de tes doigts.

Pour le reste, tout est en place autour de toi pour rebâtir, non? Et il y a Alex, ce chevalier des temps moderne. Z'êtes chanceux de vous avoir :)

TitePoère a dit…

Lily: Tu as raison, je m'en sors, mais la haine est encore là et c'est de ça que je veux me débarrasser..

Yano: C'est ce que je souhaite aussi, sinon, je n'en parlerais pas :) Ce n'est pas vraiment que j'aie besoin de rebâtir, mais tout ce qu'elle m'a fait, c'est à la petite fille qui la regardait avec des yeux plein d'étoiles que ça a fait mal.. Je pense que c'est ça, le plus dur à oublier.

Drew a dit…

Crisse de folle du calisse!

J'ai comme une envie de pêter une yeule moi là!

TitePoère a dit…

Drew: Ouais.. Je sais.. :(

J'aurais aimé te connaître dans ce temps là, ça lui aurait fait du bien ;)

Son dernier truc? Elle s'est convaincue d'être ben malade, parce qu'à sa job, ils voulaient lui faire faire ce qu'elle n'avait pas envie de faire.. Maintenant, elle prend plein de médicaments parce qu'elle fait croire à tout le monde qu'elle est malade pour vrai..

Cybèle a dit…

Magnifique billet pour une mésaventure qu'il ne l'ait pas.

Moi je crois, que par cette douloureuse expérience de vie, ton caractère c'est forgé une énergie qui te prépare et d'endurcie à passer au travers de la vie.

Comme ma grand-mère disait, c'est quand on mange de la vache enragé qu'on devient invulnérable!

J'ai une petite question. Qu'est-ce qui a été le plus difficile, la perte de tes illusions sur ta tante ou avoir souffert de faim et de froid?

TitePoère a dit…

Cybèle: Merci beaucoup de passer avec tes bons mots!

En fait, je te dirait que d'avoir perdu mes illusions n'aurait pas été aussi difficile si j'avais pu m'éloigner d'elle, sauf que j'ai fait le choix, pour mes études et mes parents, de rester et de compléter ma session.. C'est pour ça qu'il y a autant de colère (en plus, j'ai fini en juin, à cause de la grève..)

J'ai eu faim parfois, mais j'ai aussi eu des amis vraiment géniaux qui s'en sont rendu compte et qui me payaient un biscuit ou un sandwich le midi, alors ces gens là ont fait un contre poids dans la balance!